«Un bon diagnostic est la première clé d’un plan de mobilité réussi»

Transports publics, véhicule individuel, vélo: toutes les mobilités sont à prendre en compte!

Photo de Jorik Kleen sur Unsplash

MOBILITÉ. Spécialiste en mobilité. Sans le réduire à cette étiquette (il a par exemple aussi été coach de l’équipe de France féminine de unihockey!), le professeur Marc-Antoine Fénart peut certainement prétendre à ce titre. A la base ingénieur en génie civil spécialisé dans les structures porteuses, il s’intéresse depuis vingt ans de près à ce domaine. Actif dans la recherche auprès de la VSS, l’organisme suisse de normalisation pour la route et les transports, il est passé par le Laboratoire des voies de circulation (LAVOC) de l’EPFL. Aujourd’hui professeur associé auprès de la Haute Ecole d’ingénierie et d’architecture de Fribourg, il est cofondateur et président de l’association SwissMoves. Des questions sur le thème de la mobilité ? Adressons-les à l’expert !

 

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre activité auprès de la HEIA-FR ?

Je suis responsable de l’axe Transports et Mobilité. Concrètement, je consacre environ un tiers de mon temps à l’enseignement, et le reste à la recherche et à divers mandats. Je m’intéresse par exemple de près à la thématique des véhicules automatisés ou à celle de la modélisation par ordinateur des systèmes de transport (jumeaux numériques, exemple de projet), pour comprendre pourquoi certains aménagements routiers fonctionnent, ou pas, et aider à leur planification.

 

Vous développez aussi un outil pour permettre de quantifier les coûts de la mobilité, pouvez-vous nous en parler ?

Pour être efficace, un plan de mobilité doit prendre plusieurs aspects en compte. Le désengorgement des routes et la diminution des émissions de CO2 sont deux objectifs évidents. Mais si l’on se limite à ces deux critères pour établir un plan de mobilité, on envoie tout le monde à pied, puisque la marche est le moyen de transport le plus économe en CO2. Cela n’est pas réaliste. Notre outil, encore en phase de développement, s’intitule ODEMOI (Outil d’évaluation de la mobilité individuelle) : il permet à chaque individu de comparer ses options de déplacement en y intégrant tous les critères, pour lui permettre de faire un choix éclairé.

 Comment cela fonctionne-t-il et quels sont ces critères ?

En monétarisant les données d’un déplacement : coût des émissions de CO2, coût du temps du déplacement, coûts effectifs (prix du billet ou abonnement pour les transports publics, coûts du carburant, du stationnement, etc. pour un véhicule privé). L’outil est assez fin : pour monétariser le coût du temps de déplacement, il tiendra compte de la durée du trajet et de la possibilité de l’exploiter pour travailler. Un trajet en transports publics peut, en fonction de la durée de trajet, du nombre de changements et de l’affluence, être rentabilisé. On intègre et monétarise aussi des données comme les gains en termes de santé pour celles et ceux qui privilégient la mobilité douce. Notre outil prend en compte tous ces éléments et permet d’établir un diagnostic des options de mobilité pour chaque collaborateur.trice d’une entreprise, d’une association ou même d’un club de sport. Et poser un bon diagnostic, c’est la première clé d’un plan de mobilité réussi.

Le professeur Marc-Antoine Fénart

Quelles sont les autres ?

Pour être efficace, un plan de mobilité doit recevoir l’adhésion d’au moins trois quarts des personnes concernées. Il doit donc s’adresser à chaque personne en tenant compte de ses besoins particuliers (par exemple des enfants en bas âge, un accès restreint aux transports publics, une mobilité réduite, etc.) et pas tomber d’en haut sans discernement. Et bien sûr, je le répète sans cesse, il faut communiquer, communiquer et encore communiquer autour de cette thématique.

 Le professeur Marc-Antoine Fénart

En collaboration avec l’Etat de Fribourg, vous travaillez sur un label pour garantir la qualité des plans de mobilité d’entreprise.

Ce mandat est issu de la nouvelle Loi sur la mobilité, entrée en vigueur le 1er janvier : elle impose aux entreprises de plus de 50 équivalents plein-temps du canton d’établir un plan de mobilité dans les 2 ans. Cependant ces plans seront simplement publiés par les communes et ne seront pas vérifiés. Il y a donc l’idée de définir ce qu’est un bon plan de mobilité. Un tel label existe déjà dans les cantons de Genève et de Vaud (Ecomobile) et nous sommes en train d’établir une grille de critères adaptés au canton de Fribourg pour l’obtention d’un tel label. Nous souhaitons pouvoir le proposer dans le courant de 2023.

 

Et vous, pouvons-nous vous demander comment vous vous déplacez professionnellement ?

Pour me rendre à mon bureau, je pars à pied, puis je prends le train, et je finis à pied. Pour mes déplacements pendant mes heures de travail, j’utilise les transports publics ou, si je dois transporter du matériel, nous disposons de véhicules d’entreprise partagés. J’ai la chance d’avoir des horaires de travail assez flexibles, ce qui me permet d’utiliser les transports publics à des heures où ils ne sont pas bondés : une des multiples considérations à éventuellement prendre en compte à l’heure d’établir votre plan de mobilité !

L’association SwissMoves organise une une Conférence Transports et Mobilité avec plusieurs intervenants le 21 mars 2023 à Fribourg. Plus d’infos et inscriptions sous Conférence (swissmoves.ch)

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